L’histoire de Jouy-en-Josas nous est connue précisément à partir du IX e siècle, grâce aux écrits des moines de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui défrichèrent les terres. Pourtant, des traces d’occupation attestent d’une première présence humaine dès la préhistoire : silex, stèles gauloises aux Metz, pièces de monnaies mérovingiennes,…
Sous l’impulsion de l’Abbaye, le village faisait preuve de dynamisme (entre 400 et 500 habitants au XI e siècle). Mais avec la diminution du pouvoir de celle-ci, la terre usurpée ou revendue passa aux mains des seigneurs.
Les guerres successives, et surtout la guerre de cent ans et la peste noire  décimèrent la population : en 1466, le village ne comptait alors que trois feux.
A partir de la fin du XV e siècle, avec la nouvelle prospérité du village, les seigneuries passèrent à diverses familles qui s’illustrèrent dans les Armes, dans l’Eglise, ou directement au service du Roi : Antoine d’Aquin, médecin de Louis XIV ou son petit fils Antoine Louis de Rouillé, Secrétaire d’Etat à la Marine et aux Affaires Etrangères sous Louis XV.

En 1760, un jeune allemand de 22 ans, Christophe-Philippe Oberkampf, s’installe à Jouy-en-Josas et vient jeter les bases d’une industrie destinée à prendre un merveilleux essor : l’industrie des Toiles de Jouy.











Etymologie du nom de Jouy-en-Josas

JOUY vient du nom latin Gaudium, écrit successivement Gaudiacum, Gaugiacum, Joviacum, Joïacum puis Gouy ou Goy, et enfin Joï, Joui et Jouy. Notons que Gaudium signifie "Joie".
Beaucoup de villages portaient le nom de JOUY; citons JOUY (Eure-et-Loir), JOUY LE MOUTIER, JOUY MAUVOISIN (Yvelines), JOUY SUR MORIN (Seine-et-Marne).

C'est pour le distinguer de ces villages que l'on adjoignit au bourg de JOUY sur la Bièvre, le nom de la division écclésiastique dans laquelle il se trouvait : le JOSAS (vers le XVe ou le XVIe siècle). Le Josas était l'un des archidiaconés de l'ancien diocèse de Paris, celui qui s'étendait au sud de la Seine, son nom s'est conservé comme suffixe dans les deux communes voisines de JOUY-EN-JOSAS et des LOGES-EN-JOSAS.







24 août 1944 : Libération de Jouy-en-Josas


Les Yvelines ont été libérées par la 2ème Division Blindée du général Leclerc, du 23 au 25 août 1944.

Le 22 août, les Américains donnent le feu vert pour se ruer sur Paris. La 2ème DB se divise alors en Groupements Tactiques (GT). Le groupement Langlade, chargé d’une mission secondaire de diversion poussera sur l’axe Rambouillet, Dampierre, Châteaufort, Toussus-le-Noble, Jouy-en-Josas, Villacoublay, Bois de Meudon, Pont de Sèvres.



La 2ème Division Blindée









Le 24 août dans la matinée, le sous-groupement Massu du groupement tactique Langlade rencontre une nouvelle poche défensive autour de Toussus-le-Noble.

Puis, l’affrontement se poursuit à Jouy-en-Josas. Après avoir franchi le pont de la Bièvre, les hommes de Leclerc doivent faire face à la défense antichar allemande qui protège les abords de l’aérodrome de Villacoublay.




















L’aspirant Zagrodsky, alors qu’il sort la tête de sa tourelle pour repérer et détruire un dispositif antichar placé sur la route du Petit-Clamart, juste face à lui, un «sniper», embusqué l’abat d’un obus de 20 en pleine tête.

Un monument situé carrefour du Petit Robinson à Jouy-en-Josas honore la mémoire de l’Aspirant Zagrodsky et d’autres jeunes combattants, d’origine étrangère, qui ont donné leur vie pour libérer la France.








Extrait des souvenirs de Pierre Kurzenne (né en 1930)

« Les chars de la 2è DB, couverts de bâches rouges fluorescentes, arrivant du côté de la mairie et se dirigeant vers la gare ; c’est ce rouge flamboyant qui reste gravé dans la mémoire. Sentiment de peur et de frayeur des civils : «et nous», avec la peur de l’abandon. La permanente incertitude de ce qui se passe, la peur de ce qui va arriver. Une rumeur court de bouche à oreille que «dans la Côte de l’Homme Mort il y a eu bagarre». Effectivement, on tire de ce côté, c’est là-bas que le capitaine Zagrodski va trouver la mort. Et brusquement deux obus qui éclatent, des chars qui se renversent, les gens couchés parterre, les vitres volent en éclats, tout paraît brûler, c’est l’enfer, c’est l’angoisse. D’autres chars arrivent de Châteaufort et prennent la route qui va du Petit-Jouy à Versailles, c’est là qu’est décédé le fils Lesieur (huile bien connue). D’ailleurs, l’un des «tigres» (chars) est resté couché sur la route du Petit-Jouy où les habitants et les enfants vont aller l’admirer ultérieurement. En fin de journée arrivent les chars américains et des camions conduits….

Par des français. Quelle surprise ! Le docteur Kurzenne décide que, pour la première fois , la famille va passer la nuit dans la cave. Grande frayeur devant des tirs d’artillerie continus, sans arrêt, le sentiment de ne «pas savoir» ce qui se passe dehors, les allemands dans les bois, peur, incertitude. Et puis, le lendemain matin, grand silence, les allemands partis jusqu’à entendre les vrombissement des chars résonnant amplifié après ce silence. Le docteur est occupé à soigner les blessés, avec, à ses côtés, la fidèle Angèle Moye, son infirmière ; Mme Vantieghem est blessée, par éclats d’obus, dans la soirée, le Dr Kurzenne l’emmène personnellement, avec son vélo, le brancard attaché, à l’hôpital de Versailles (il s’était fait adapter tout spécialement un brancard pouvant être attaché à son vélo afin de pouvoir transporter ses malades). »






Extrait des souvenirs de Jean-Pierre Kurzenne (né en 1925)

« ... L’annonce du débarquement du 6 juin fut pour tous le début d’une grande espérance. Les V de la victoire et les Croix de Lorraine fleurirent sur les murs. Les bombardements s’intensifièrent et les équipes de la Croix Rouge dont je faisais partie se rendaient de plus en plus fréquemment sur les lieux atteints, aux Loges, à Bièvres, Buc, Vélizy et même Versailles afin de «déblayer» et tenter de sauver des vies humaines. Il faut dire que la précision des tirs américains laissaient plus qu’à désirer... ... Courant août 44 le bruit des canonnades devint de plus en plus rapproché. Les allemands commencèrent à évacuer les divers bâtiments et châteaux qu’ils occupaient depuis 4 ans. Quelques jours avant l’arrivée des libérateurs, on crût un matin que les allemands étaient définitivement partis. Nombre de personnes pénétrèrent dans les maisons vidées et commencèrent à récupérer ce qui pouvait l’être... ...Vint enfin le 24 août. Des détonations retentirent venant du centre du village. Les allemands faisaient sauter les aiguillages de la voie ferrée. Peu de temps après, on apprit que le château du Montcel était en feu. En compagnie des pompiers de Jouy, je me rendis sur les lieux afin d’apporter mon aide s’il en était besoin. C’était peine perdue... Devant l’impuissance des pompiers à éteindre l’incendie qui ravageait le château du Montcel, je repartis vers celui du Petit Bois. Hélas, même spectacle de ruines et de désolation. En début d’après-midi le bruit sourd de gros moteurs nous parvînt. Nous devinâmes bien vite qu’il s’agissait de chars et toute la population se retrouva instantanément dans le centre de Jouy. Quelle ne fut pas la surprise générale de constater que les soldats qui nous libéraient parlaient français. Il s’agissait bien sûr de l’avant-garde de la Division Leclerc. Ce fut pour les gens qui ont vécu ces moments inoubliables une explosion de joie indicible. Les larmes coulaient le long des joues de certains, surtout des Anciens. Comme par enchantement les drapeaux tricolores confectionnés en cachette pendant les heures sombres ornèrent bientôt les façades. Cependant certains de nos libérateurs étaient blessés. Une infirmerie de fortune fut organisée à la Mairie de Jouy et mon père, médecin, y prodigua des soins tout au long de la journée pendant que la longue colonne de chars et de camions, un instant arrêtée dans le centre du village. »






Mémoires de Gérard Clerc (né en 1924)

24 août 1944

8h00 : Ils sont encore 7 à 8 «boches» dans le château. Des ordres sont criés, affairement des soldats. Ils s’en vont avec leur fusil ? Serait-ce déjà la Libération ???

8h20 : Tout à coup, des explosions retentissent du côté de la gare du chemin de fer : 8, 10, 15 20 ??? toutes très violentes. La peur nous tenaille tous ! D’immenses flammes jaillissent maintenant du côté du Grand Château : explosions sur explosions... C’est l’enfer !

9h-9h45 et jusqu’à 11h : L’enfer continue. Maintenant ce sont les châteaux. Celui du Petit Bois saute et brûle. Puis celui du Montcel. Les détonations se succèdent, il y a des retombées d’éclat partout. L’enfer continue.

11h30 : Accalmie ! Les dynamitages semblent prendre fin.

11h40 : Un camion militaire allemand est entré par la Grille d’Honneur, dans la propriété.

13h20 : Nous sommes tous dans la cave de l’Orangerie, dans l’attente de l’explosion du Grand Château.
13h25, 30, 35, 40 : Rien... rien, ne saute... Finalement, nous revenons chez nous. Et tout à coup, c’est frappant, un calme écrasant se fait. Il ne semble plus y avoir de bataille. Dans la rue, des voix allemandes vocifèrent, crient des ordres.

13h55 : Avec Philippe ; perchés sur le mur surplombant la rue, nous regardons, écoutons, scrutons. Tout à coup ; nous apercevons des soldats. J’aperçois la Croix de Lorraine sur le casque de l’un d’eux. Je crie à tue-tête : «Les Voilà, les voilà !». Je suis fou, fou... Ils sont là, et ce sont des français, ils parlent français ! Les chars débouchent de deux endroits simultanément, venant de Saclay, où la bataille faisait rage tout à l’heure, et des Loges-en-Josas. Nous n’avons pas attendu pour descendre de notre perchoir. On est fous... fous de joie ! Nous courons les voir : ce sont des Français de l’Armée Leclerc ; comment est-ce possible ? Déjà la place du village est pleine de monde, tout s’y mêle, chars, automitrailleuses, Dodges... On grimpe sur les chars, on parle aux soldats. Un soldat monte sur le faîte de l’Eglise et hisse un drapeau français.

14h20 ou 14h30 : Bien sûr la bataille a été dure, tant dans la côte de Versailles que dans les bois de l’Homme Mort. Elle coûta la vie à 21 soldats des 2 camps et 5 chars de l’Armée Leclerc durent détruis.

25 août 1944

12h à 17h : L’ après-midi est consacré à récupérer les vivres encore consommables, après de dynamitage du Petit Salon. Ils sont portés à la mairie, pour être distribués aux habitants de la commune qui manquent de tout. Au dîner : Nous sommes tous muets, fourbus, «écrasés de fatigue» à cause d’évènements si forts. Et voilà que je me rends compte que c’est le premier jour où je n’ai pas eu à présenter mon «Ausweis» (laissez passer) à une sentinelle allemande pour pouvoir circuler. Bien sûr, ces journées allaient marquer nos esprits pour toujours. Mais sur le moment, une seule chose importait :

JOUY ETAIT LIBRE ! JOUY ETAIT EPARGNE, marqué, bléssé mais LIBRE ! Finis l’occupation, les Boches, les brimades, les représailles... c’était LA LIBERATION !